Plénitude

Je rêve et une bulle s’échappe au-dessus de ma tête. Elle part rejoindre mille autres bulles dans l’espace, témoins de tous les possibles, virevolte avec les autres

Je rêve et laisse les images venir à moi, sans savoir d’où elles viennent ni où elles vont, comme les gouttelettes d’une cascade qui chantent sur la montagne

Je rêve et mon cœur s’agrandit. Il se gonfle comme un ballon, flotte dans le vent, se laisse porter par la grandeur de l’infini

Je rêve et mes mains courent sur le papier. Le temps s’étire et ralentit au rythme des mots qui se regroupent, se retrouvent, se pelotonnent les uns contre les autres et s’harmonisent

Je rêve et je suis. Tout est paisible, tranquille en moi, autour de moi.

Je rêve et je sais, sans le savoir, que chacune de ces bulles est porteuse d’énergie et d’amour.

Je rêve et je vis. Je vis et je rêve.

Sensation d’éternité.

Compagnon fidèle

La première fois que je t’ai vu, j’étais à l’école primaire.

Tes pattes d’éléphant étaient mises en valeur par de gros sabots en cuir brun à talons en bois.

Tu as eu de la concurrence face aux vieux pantalons en tissu, ou pire encore, en jersey foncé à la provenance inconnue : il a fallu du temps pour qu’on t’accepte chez moi et ta première version ne fut pas vraiment celle dont je rêvais et qui habillait les jambes des filles de familles plus enclines à laisser entrer la futilité de la mode dans les rigueurs familiales.

Avec le temps, tes canons sont devenus plus étroits … et même tellement étroits que je devais me coucher sur mon lit en grimaçant et retenant mon souffle pour pouvoir te fermer.

Pour assurer ta relève, j’avais trouvé une astuce ; pour 5 francs – 1heure de travail sur le stand de l’épicerie à vendre et emballer des légumes et des fruits – tu t’offrais à moi chez la Grapilleuse, magasin de seconde main où tu attendais une nouvelle vie. Après un passage rapide sous la Bernina maternelle, tu retrouvais une nouvelle jeunesse et une coupe parfaitement ajustée.

Les années passèrent et ta taille descendit, ce qui me permit enfin de pouvoir rester assise sans avoir mal au ventre ! Là où bien plus tard ta taille s’est élargie pour laisser grandir de nouvelles vies.

J’ai tant de souvenirs avec toi et d’heures passées à t’agrémenter pour chaque occasion d’un petit haut sexy et féminin, d’un pull raffiné avec un collier de perles ou encore d’un gros chandail pour les soirées fraîches !

Avec le temps bien sûr, tu es devenu plus confortable mais tu es resté le pilier de ma garde-robe.

Longue vie à toi cher Jeans, nous avons encore tant de belles choses à vivre ensemble !