Interview
Envisagez-vous l’écriture comme une catharsis?
Pour moi, écrire c'est plutôt créer avec un langage différent des arts plastiques, pour explorer, apprivoiser, témoigner et partager des observations, des découvertes et des ressentis. Naviguer sur l'eau ou voler en mongolfière pour voir le monde d'un autre point de vue.
Trouvez-vous des apparentements entre votre manière d’aborder l’écriture dans ce texte et le mouvement appelé flux de conscience ? Si oui lesquels ?
Je ne connaissais pas ce mouvement mais, si j'aime la notion d'oscillement entre technique et praxis (activité morale de transformation du sujet agissant), je tiens à donner plus d'importance au cheminement qu'au but à atteindre.
Votre nouvelle montre la vie de l’esprit pendant le processus d’écriture, qui se révèle être chaotique. Est-ce l’objectif visé par votre texte ? Sinon, quel est-il ?
Elle voudrait plutôt montrer comment l'esprit vagabonde entre sommeil et éveil, crée et accueille des images extérieures et intérieures. Je joue à voguer entre perception objective, connaissances, rêves et réalité et exprime l'agitation que suscitent l'intégration des valeurs opposées et la quête d'harmonie de la pensée humaine face au chaos.
Le narrateur est submergé à la fois par ses pensées et les objets accumulés autour d’elle. Son admiration pour les marginaux ne traduit-elle pas sa propre marginalité ?
J'éprouve une sympathie pour les êtres dont la marginalité est vécue pour des raisons que je comprends (comme être submergé, peut-être, n'ayant pas une structure intérieure assez forte pour faire face à la violence d'une angoisse intérieure ou lors d'une crise provoquée par son environnement). Celle-ci peut naître à des degrés divers chez n'importe qui de vulnérable. Mon admiration va plutôt vers ceux qui s'ouvrent les uns aux autres malgré leurs différences. Ceci ne dépend ni de leur milieu social, ni de leur culture, ni de leur nature. Eventuellement de leur maturité affective.