Dossier Cynthia Orain - Mars 2019 Ecrit par Cynthia Orain

Catégorie: Interviews  /  Créé(e): 08.03.19 20:29:33  /  Modifié(e): 09.03.19 14:36:38

Questions du comité de lecture

Une déclaration d’amour filial peut surgir après bien des péripéties originales et particulières («… car moi aussi maman, oui, moi aussi, je t’aime. »). Vous semblez avoir voulu éviter toute victimisation dans cette histoire que vous racontez « sans y toucher ». Pourquoi ?

- Je ne voulais pas d’un personnage victime, cette jeune femme était en fait à l’opposé. Elle pleure, elle culpabilise, elle est humaine. Elle n’est pas une victime, elle ne s’en prendra pas au chat qui a fait tomber le parfum, elle ne s’en prendra pas à sa mère. Elle s’interroge, essaye de comprendre sa situation, ses émotions. C’est tout.

 

La fille se culpabilise, alors même que la mère semble l'avoir reniée, bien qu'elle dévoile son amour dans le billet. Pouvez-vous nous en dire plus sur la relation mère-fille que vous décrivez dans cette courte nouvelle ?

- Je n’ai pas souhaité approfondir la relation pour ne pas dévoiler la chute. En réalité, la mère était une femme fortunée, mais malheureuse, mariée à un homme qu’elle respectait par obligation, aimait par obligation et supportait pour la même raison. Elle a volontairement éloigné sa fille de ce cercle-là après avoir vu l’impact de ce mode de vie sur ses autres enfants. Seulement, la jeune femme ignore tout cela et jusqu’à la fin, elle continue de l’ignorer, car les détails ne sont pas importants, ce qui compte c’est de savoir que sa mère l’aime.

 

« Quelle douce poésie… » s’exclame l’auteur de cette missive avec amertume ? Les symboles mis à sa portée par l’homme sont là pour lui rendre la vie plus supportable, semblez-vous dire ?

J’ai toujours trouvé que la Saint-Valentin était une fête stupide. Le fait de couper des fleurs pour les offrir aussi. Quelqu’un qui aime vraiment les fleurs aurait-il envie de les voir faner ? C’est ce que j’ai voulu mettre en avant en écrivant ces mots, le fait que le personnage ne comprend pas ses contemporains, qu’elle les trouve illogiques et ne s’intègre pas à ce mode de pensée.

 

L’odorat tient une place capitale dans votre nouvelle, selon vous quel pouvoir renferme-t-il ?

Je crois que c’est parfois le sens auquel on fait le moins attention, mais qui surgit sans prévenir. Ici, par l’association violette-framboise, alors qu’elle ne sentait que la framboise, ce jour-là c’est la fleur qui prend le dessus. Pour moi, le parfum est associé aux souvenirs.

 

Quelle est la genèse de ce texte ?

La création de cette nouvelle est très semblable à son début. Ma sœur m’avait offert un parfum, violette-framboise, pour lequel j’avais fait des pieds et des mains. Le chat est passé par là, le parfum a chuté sur les lattes de mon parquet et en ramassant les morceaux de verre, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en culpabilisant. J’avais tant embêté ma sœur pour avoir ce parfum et voilà qu’il finissait par terre. Mon ordinateur était allumé et je me suis dit qu’il fallait que j’écrive pour extérioriser ce flot de sentiment que moi-même je subissais sans vraiment le comprendre.

 

Quelle(s) musique(s) accompagnerai(en)t le mieux vo(tre)s texte(s)?

Yiruma - Love me
Yiruma - Kiss the rain
Ludovico Einaudi - Nuvole bianche
Adrian von Ziegler - Ashes
Madi Diaz - Ashes

 

Les questions de la Revue des Citoyens des Lettres et celles chipées à Proust et Pivot

 

Quel est votre principal défaut ?

- Les poils de mon nez.

 

Votre juron, gros mot ou blasphème favori ?

- Prout ! C’est mignon un prout, non ?

 

Quels sont les mots de la langue française que vous préférez et pourquoi ?

- Myriade, je trouve ce mot magnifique, cela me fait penser à une fée ou à une nymphe (rien à voir, mais tant pis).

 

Pourquoi écrivez-vous ?

- Cela me permet d’extérioriser, mais aussi pour que mes lecteurs ressentent une émotion, si après lecture, ils disent qu’ils ont hurlé, pleuré, rit, j’aurais la sensation d’avoir fait un bon texte.

 

Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ?

- T’inquiète, ici, on a du chocolat.